La télévision publique et ses misérables contributions au débat public
On ne peut déjà pas dire que la télévision publique excelle par son information politique dans un traitement équitable de l’information, ni dans une vision indépendante qui ne serait influencée ou soumise à la doctrine ou la novlangue libérale.
Mais pour le peu de place laissée au débat politique, sans aller jusque dans l’espoir de débats de fonds qui sont pratiquement inexistants sur l’ensemble des chaines généralistes, les hommes politiques qui s’y prêtent tombent dans un piège médiatique où l’invité politique devient le faire-valoir des journalistes ou présentateurs de l’émission.
C’est en quelque sorte le piège dans lequel est tombé Jean-Luc Mélenchon ce week-end lors de l’émission tardive du samedi soir de Ruquier où l’objectif poursuivi par les clones féminins de Zeymour n’ont visé qu’à discréditer le projet du Front de Gauche, sans à aucun moment permettre à son représentant d’exposer sereinement la vision d’ensemble de celui-ci.
Par contre, la vision figaresque maintes fois entendue et lue de Polony a pu être longuement déblatérée à coup d’injonctions, leçon de morale, hausse de ton professorale et jugements de valeur péremptoirement exposés. Sa complice Pulvar que l’on a connu plus à l’écoute et moins emplie de certitudes n’a fait que conforter ce débat dans un style qui effleure, qui condamne, qui provoque, sans jamais laisser le temps de la réflexion et du débat de fond sur des sujets pourtant importants. Pour ces deux là et leurs egos, j’imagine que l’émission a été réussie.
Je ne reprocherai pas à Mélenchon de se fourvoyer dans ce genre d’émission car en bien ou en mal, l’important est que les idées du Front de Gauche soient mises sur la place publique pour faire progresser les consciences alors que les occasions médiatiques qui lui sont réservées sont finalement rares. Aussi si une ou deux idées sont passées à travers les gouttes de l’orage libéral qui s’est déversé sur lui, sa présence n’aura pas été inutile.
Par contre je trouve dommage qu’il soit un peu d’être tombé dans le piège de réponses apportées du tac au tac à des questionnements sans queues ni têtes, souvent mâtinés d’humour mal venu tentant de déstabiliser le vrai débat, qui ne lui ont finalement permis que très rarement d’apporter des réponses précises et intelligibles, coupé sans arrêt qu’il était par ce benêt de De Closets (Walter pour les intimes) qui confonds toujours son budget personnel et celui de la 5ème puissance économique du monde.
Parfois des regards conjugués au silence permettent de quitter à un débat inaudible et caricatural sans tomber dans les travers que le débat politique actuel cherche à imposer à tous ceux qui affrontent les certitudes de journalistes en mal de reconnaissances médiatiques.
Ce n’est pas que l’émission de divertissement de Ruquier qui est en cause, car même lors des émissions grand public réservées à la politique, la recherche du scoop, de la mise en défaut de l’invité, du sensationnel, de la prise de bec, sont recherchés par ceux qui aiment être les juges de l’action politique alors qu’il devraient se contenter de questionner sans détour en laissant le temps de la réponse.
Au lieu de cela, Mélenchon s’est retrouver face à des adversaires politiques multiples et non face à des journalistes, a passé son temps à se justifier au lieu d’expliquer le pourquoi de son action et finalement a pu apparaître comme déstabilisé, parfois agressif alors que l’agression était préparé et caractérisée.
Il est difficile de conjuguer la nécessité de s’afficher publiquement envers le plus grand nombre de citoyens pour que ses idées soient connues, entendues, puis débattues, et celle qui consiste à devoir affronter un spectacle médiatique dont l’objectif n’est pas d’informer dans la pluralité, mais de faire du sensationnel quand ce n’est pas défendre ce qui est communément admis sans fondement intangible, ce que l’on nomme la pensée unique.
Je lui souhaite bien du courage pour la suite…