Nous connaissions les mesures qui consistent à manipuler l’opinion en faisant passer les salariés en lutte pour des hors la loi tout en cachant les vraies violences faites par les patrons voyous qui déménagent la nuit sans en informer les salariés ou les capitalistes qui rayent de la carte de la dignité des familles entières pour quelques pourcentages de profits en plus dans un nouveau pays où la misère enrichit les possédants. Il s’agit là bien sûr de formes de violences couvertes par les plus hautes autorités par leur capacité à ne rien faire pour abolir ce type de comportement. Un autoritarisme ciblé à quelques jeunes de banlieues que l’on stigmatise ou quelques Roms qui permettent un détournement médiatique complice de l’attention de l’opinion, sont par contre des méthodes régulièrement utilisées, plutôt que l’adoption de mesures légales pour protéger les salariés contre ces attitudes consistant à délocaliser sauvagement.
Pour autant, dans tous les pays les plus libéraux où la contestation s’est faite plus vive et massive dans la lutte pour les droits du salariat, ceux qui se font à l’habitude les chantres des libertés individuelles et du respect des droits de chacun, sont aussi ceux qui n’ont pas permis la contestation et l’ont réprimée le plus violemment, physiquement comme dans les méthodes employées.
C’est ce nouveau stade que vient de passer Sarkozy face à la contestation du projet de destruction des retraites, en imaginant casser du gréviste en ne lui permettant pas d’utiliser des moyens d’actions qui obligent à la négociation avec les syndicats. Vouloir utiliser les réserves stratégiques d’essence ou bien débarrasser les piquets de grèves en utilisant la force publique face à ceux qui empêchent l’approvisionnement en produits pétroliers, concourent de cet autoritarisme typique de ceux qui ne peuvent supporter que la vision de société de la majorité des français soit différente de celle dictée par les soit-disantes lois des marchés et en particulier les marchés financiers.
Pour acter ce fait, il s’appuie comme toujours sur le droit au travail, comme si le droit à la contestation lui était inférieur dans une société véritablement démocratique. S’est-il posé la question de savoir si ceux qui souhaitaient travailler n’altéraient pas la capacité de revendication de ceux qui ne veulent pas d’une casse d’acquis sociaux pourtant obtenus de haute lutte par nos grand-parents et arrières grand-parents ?
Qui a le plus le droit à la capacité d’action, ceux qui veulent travailler (par choix) en soutenant la politique libérale du gouvernement ou ceux qui luttent pour maintenir un projet d’avenir non régressif pour leurs enfants comme c’était le cas pour les 2 ou 3 générations précédentes ?
Dans une véritable société démocratique, non autoritaire, seule la majorité a raison. Or non seulement Sarkozy n’a aucune légitimité pour imposer un projet de loi pour lequel il n’a pas été élu dans la mesure où il ne figurait pas dans son programme présidentiel, mais en outre le mouvement actuel est soutenu par une forte majorité des français. Ceux qui veulent donc pouvoir travailler au détriment des salariés en lutte sont bien minoritaires.
Ainsi, qui bloque donc les choix de l’autre ? bien entendu la minorité répressive au pouvoir et ceux qui la soutiennent et qui imaginent imposer par la force un droit au travail qui est moins légitime, quand on affirme vouloir diriger une démocratie qui respecte la volonté du peuple. Ce n’est pas le cas de Sarkozy et sa bande.
Sarkozy se montre ainsi sous son vrai jour autoritaire, autiste à l’attente du peuple et provocateur face à la lutte. Mais le peuple français n’est pas un peuple moutonnier, il ne se laissera pas imposer des choix antidémocratiques par une caste au pouvoir qui a rompu tout dialogue avec les représentants du salariat. Il devra en tirer les conséquences non seulement dans les urnes à brève échéance mais aussi, à force de jouer avec le feu de la contestation, face à l’incendie qui s’étends plus violemment par une réponse proportionnée à la répression provocatrice opposée à la contestation pacifique actuelle. Et c’est bien Sarkozy qui en portera l’entière responsabilité.