Archive pour juillet, 2010

Inutile, coûteux, inquisitorial, mais tellement libéral…

Les Chambres Régionales des Comptes (CRC) produisent souvent des rapports qui apportent des résultats intéressants (*).

Ainsi, la CRC du Rhône vient d’apporter un démenti flagrant à tous ceux qui en matière de sécurité ne voient que par la surveillance généralisée de la vie de chacun sur le territoire français comme la solution censée faire diminuer la délinquance, ou comment s’attaquer aux conséquences plutôt qu’aux causes.

Certes, on savait déjà au regard des expériences à l’étranger, tel Londres, que l’impact était faible voire nul, mais on attendait un tel constat en France.

C’est l’étude qu’a mené la CRC du Rhône sur la Ville de Lyon dirigée par un Maire P(s) à la mode Sarkozyste.

Résultat, non seulement les écarts de diminution de la délinquance sur Lyon sont très proches (**) selon qu’il y a ou non de la vidéosurveillance dans les quartiers, mais en outre, la commune de Villeurbanne, limitrophe de Lyon et non équipée, a obtenu de meilleurs résultats que celle de Lyon dans les quartiers avec vidéosurveillance. Un constat qualifié par la toujours très mesurée CRC de « différence ténue », pour ne pas dire « insignifiante » au regard de l’argent dépensé pour ces dispositifs par la ville de Lyon, à savoir environ 855 000 € par an depuis 2003.

Inutile, coûteux, inquisitorial, mais tellement libéral… dans politique videosurveillance-3

Le toujours plus sécuritaire chez ceux qui sont responsables de la délinquance en ne trouvant pas les solution économiques, sociales et éducatives adaptées à sa réduction, vient donc s’aggraver par ce genre de politique de surveillance qui prive le monde associatif, sportif, culturel, d’une recette fiscale importante pour tisser du lien social, là où le monde du travail échoue de plus en plus à la recherche d’une performance de court terme qui divise, confronte, stresse, exclue.

Chez les libéraux modernes, comme l’on défend l’intérêt individuel, mais en réalité l’intérêt individuel d’un petit nombre de possédant au détriment de l’intérêt général, on préfère priver de liberté, et notamment la liberté de circuler où bon vous semble, en observant, épiant, démasquant, par des caméras à chaque coin de rue, l’individu lambda auquel l’on essaie d’inculquer la culture de la surveillance de son prochain pour soit disant vivre de façon plus sécurisée.

Il est maintenant constaté que la méthode de vidéosurveillance n’est qu’un leurre, qu’elle ne dissuade en rien la délinquance, mais surtout qu’elle conforte une société de la méfiance, qu’elle jette l’argent public par les fenêtres, qu’elle dessert l’intérêt général.

A chaque citoyen localement de réclamer son droit à la jouissance individuelle, sans surveillance institutionnelle digne de régimes totalitaires.

(*) donc forcément dans ce cas, il est important d’essayer de les faire taire

(**) Baisse de 23.5% de la délinquance avec vidéo, et de 21,9% sans vidéo. Je ne me prononcerai pas dans ce billet sur la réalité concrète de cette baisse tant on connait les objectifs d’affichage recherchés par les politiques, parfois bien éloignés de réalité du terrain vécu par les policiers et les citoyens.

Publié dans:politique |on 28 juillet, 2010 |2 Commentaires »

Police, milice, voisins…

Ça se passe dans le Gard en 2010. Le 23 juin dernier, la commune hautement criminogène d’Aujargues, 835 habitants, organise une version étatique de dénonciation volontaire et organisée sous couvert de la signature d’une convention entre la Mairie, le préfet et le procureur de la république. En effet depuis, depuis le 18 février dernier et le premier exemple de la ville de Traïnel, la commune sera une commune test de la nouvelle idée sécuritaire étatique, l’opération « voisins vigilants » à laquelle la commune d’Aujargues vient de se rallier.

Cette magnifique idée d’Estrosi, ou volontariat et dénonciation se conjuguent, consiste à alerter la gendarmerie de tout événement suspect ou de tout fait de nature à troubler la sécurité des personnes et des biens dont ils seraient les témoins.

Bien entendu, pour la bonne conscience du petit peuple qu’il s’agit de déculpabiliser, on vous assure qu’il s’agit surtout de ne pas porter atteinte aux droits fondamentaux individuels, ni revêtir un caractère politique, racial, syndical ou religieux ?

Ces faits étant jugés par les représentants de chaque gendarmerie, c’est vous dire si l’on peut être tranquille quand à la qualité des dénonciations et poursuites menées…

En plus sérieux, ce dispositif directement inspiré des conservateurs anglais, fait l’objet de craintes justifiée d’Alain Bocquet, député communiste, qui a déposé une proposition de résolution à l’assemblée sur les conditions dans lesquelles cette opération est lancée, la responsabilité et la maîtrise de l’État dans sa mise en œuvre, les phases d’étude et de concertation auxquelles elle a ou non donné lieu, la connaissance que l’on a du dispositif britannique « neighborhood watch » qui l’inspire, de ses résultats et des garanties qu’il offre. Cette enquête portera également sur la conformité de l’opération « Voisins vigilants » avec la loi française et avec nos valeurs et principes républicains. Sera-ce suffisant ? J’en doute.

Police, milice, voisins… dans politique Pancarte_Neighbour2

Faut-il avoir confiance en sa police pour espérer ainsi, à coup de dénonciations, la résolution des crimes et délits !

Il faut dire que la politique du chiffre à moindre coût sévit fort dans la police. Lorsque vous la dépouillez de ses moyens comme toute bonne fonction publique qui se respecte à l’heure actuelle, tout en accroissant les objectifs d’élucidation des crimes et délits, les fonctionnaires de police n’étant pas des surhommes, il faut bien trouver des parades (*) pour donner l’impression que l’on s’occupe de la sécurité des honnêtes gens.

Pour cela, on leur propose de s’épier entre nous, certainement encore une forme libérale pour rapprocher les citoyens ou une manière moderne de réformer pour retendre le lien social jusqu’à ce qu’il se casse par la faute d’une vulgaire dénonciation de routine d’un voisin trop regardant à la gâchette téléphonique facile. C’est beau ce nouveau volontariat pour protéger son prochain…

Triste société où l’on recrée des pseudo milices, où les participants ont l’impression d’être utiles alors qu’ils tirent une balle sur leur propre liberté individuelle.

On le sait bien, les plus interventionnistes en matière sécuritaire sont les libéraux, ils nous le prouvent une fois de plus avec cette nouvelle forme de sécurité participative. Ceux là même qui pourfendent les abus d’interventionnisme et les privations de liberté, surtout lorsque cette liberté consiste à s’enrichir librement sans foi ni loi, sont ceux qui rêvent d’une société de la surveillance, du contrôle, celle où vous faites là où l’on vous dit de faire…

Police Milice Organisées

Police Milice Prêtes à tirer

Police Milice Tout est factice

(*) l’une des parades actuelles des fonctionnaires de police est de fausser les chiffres « légalement ». En effet, il vaut mieux faire la course aux chéquiers volés qui se volent rarement à l’unité (il y a des spécialistes de ce genre de délit) et lèsent plusieurs personnes, et qui donc permettent l’élucidation de plusieurs affaires, plutôt que d’enquêter sur les agressions aux personnes à élucidation unique, moins « rentables » pour tenir les objectifs performantiels que l’on vous assigne en sous-effectif. C’est aussi cela la police d’aujourd’hui. 

Publié dans:politique |on 15 juillet, 2010 |4 Commentaires »

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