Inutile, coûteux, inquisitorial, mais tellement libéral…
Les Chambres Régionales des Comptes (CRC) produisent souvent des rapports qui apportent des résultats intéressants (*).
Ainsi, la CRC du Rhône vient d’apporter un démenti flagrant à tous ceux qui en matière de sécurité ne voient que par la surveillance généralisée de la vie de chacun sur le territoire français comme la solution censée faire diminuer la délinquance, ou comment s’attaquer aux conséquences plutôt qu’aux causes.
Certes, on savait déjà au regard des expériences à l’étranger, tel Londres, que l’impact était faible voire nul, mais on attendait un tel constat en France.
C’est l’étude qu’a mené la CRC du Rhône sur la Ville de Lyon dirigée par un Maire P(s) à la mode Sarkozyste.
Résultat, non seulement les écarts de diminution de la délinquance sur Lyon sont très proches (**) selon qu’il y a ou non de la vidéosurveillance dans les quartiers, mais en outre, la commune de Villeurbanne, limitrophe de Lyon et non équipée, a obtenu de meilleurs résultats que celle de Lyon dans les quartiers avec vidéosurveillance. Un constat qualifié par la toujours très mesurée CRC de « différence ténue », pour ne pas dire « insignifiante » au regard de l’argent dépensé pour ces dispositifs par la ville de Lyon, à savoir environ 855 000 € par an depuis 2003.
Le toujours plus sécuritaire chez ceux qui sont responsables de la délinquance en ne trouvant pas les solution économiques, sociales et éducatives adaptées à sa réduction, vient donc s’aggraver par ce genre de politique de surveillance qui prive le monde associatif, sportif, culturel, d’une recette fiscale importante pour tisser du lien social, là où le monde du travail échoue de plus en plus à la recherche d’une performance de court terme qui divise, confronte, stresse, exclue.
Chez les libéraux modernes, comme l’on défend l’intérêt individuel, mais en réalité l’intérêt individuel d’un petit nombre de possédant au détriment de l’intérêt général, on préfère priver de liberté, et notamment la liberté de circuler où bon vous semble, en observant, épiant, démasquant, par des caméras à chaque coin de rue, l’individu lambda auquel l’on essaie d’inculquer la culture de la surveillance de son prochain pour soit disant vivre de façon plus sécurisée.
Il est maintenant constaté que la méthode de vidéosurveillance n’est qu’un leurre, qu’elle ne dissuade en rien la délinquance, mais surtout qu’elle conforte une société de la méfiance, qu’elle jette l’argent public par les fenêtres, qu’elle dessert l’intérêt général.
A chaque citoyen localement de réclamer son droit à la jouissance individuelle, sans surveillance institutionnelle digne de régimes totalitaires.
(*) donc forcément dans ce cas, il est important d’essayer de les faire taire
(**) Baisse de 23.5% de la délinquance avec vidéo, et de 21,9% sans vidéo. Je ne me prononcerai pas dans ce billet sur la réalité concrète de cette baisse tant on connait les objectifs d’affichage recherchés par les politiques, parfois bien éloignés de réalité du terrain vécu par les policiers et les citoyens.