Mayotte : la politique cachée du chiffre ou la honte de la république !
Il est des lieux dans la république française où la traduction directe de la politique répressive du gouvernement actuel trouve toute sa signification, où se conjuguent le consentement hypocrite et tacite d’une population autochtone et la méconnaissance totale de ces faits cachés en métropole.
J’ai eu le plaisir de regarder un formidable et terrible reportage d’investigation « Où va la République » de Jean-Marie Pernelle et Frédéric Lambolez qui témoigne des terribles faits mahorais qui se déroulent dans la France du 21ème siècle.
Mayotte est l’une des quatre îles de l’archipel des Comores dans l’océan indien devenue française en 1974 par référendum individualisé au nom du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes (1) située à 10 000 kilomètres de la France. Elle est située à 70 kilomètres de l’île d’Anjouan, l’une des trois autres îles de Comores.
Mayotte c’est presque 180 000 habitants dont 30% de la population est en situation irrégulière, en clair des sans papiers. Environ 10% de cette population est expulsée par an !!
La politique du chiffre à l’expulsion de « l’étranger » hautement revendiquée par Hortepen et autres clones du Sarkozysme, a atteint 54 000 expulsions en France en 2007, ne cherchez donc plus le haut lieu de prédilection des chasseurs à l’être humain, il se trouve à Mayotte puisqu’environ le tiers de cet objectif se déroule dans des conditions absolument édifiantes (16 147 expulsions en 2007). Mayotte c’est tellement simple pour faire du chiffre !!
Depuis l’instauration du visa par le gouvernement Balladur, les Comoriens ne sont plus libres de circuler sur l’île de Mayotte comme leurs ancêtres l’ont toujours été. Depuis 2002 et l’arrivée du petit excité au pouvoir, l’accentuation de la chasse aux sans-papiers s’est amplifié à tel point que les forces de police présentes sur l’île se consacrent exclusivement à cette tâche au détriment des autres aspects de leur mission.
Ce qui se passe à Mayotte pour la chasse aux sans-papier est sans commune mesure avec ce qui se passe en métropole ! là où le moindre décès d’un sans-papier faisant suite à la peur engendrée par l’arrestation émeut hypocritement et poliment la presse bien-pensante, ce sont près de 5 000 personnes qui sont mortes depuis 1994 en essayant de rejoindre Mayotte depuis Anjouan sur des radeaux de fortune (dénommé les kwassa-kwassa) enrichissant quelques passeurs propriétaires de bateaux et détruisant des familles à jamais. Qui en a entendu parler ? (2)
A Mayotte, les pratiques policières sont sans commune mesure avec celles exercées en métropole, le sans-papier y est recherché sur son lieu de travail au quotidien, dans les champs où il travaille pour survivre, arrêtés manu-militari pour être expulsé au plus vite. C’est qu’il faut rendre compte rapidement au Préfet, lui même attendu de pied ferme à Paris pour les proclamations annuelles des résultats fixés.
Ce gargarisme indécent s’appuie également sur le non respect de la loi, car on ne s’embête pas avec ces choses là en république française !
En effet, alors qu’en France tout sans-papier peut faire valoir ses droits lui permettant soit de justifier un lien parentale, soit une demande d’asile dans un délai légal, il n’est pas rare qu’à Mayotte l’expulsion ait lieu le lendemain de l’arrestation et au plus tard dans les 5 jours, ce qui ne permet pas au détenu d’apporter la preuve de son bon droit et ce malgré les protestations de la CIMADE.
En droit Français, un enfant n’est expulsable qu’à sa majorité sauf s’il est arrêté avec ses parents, il est alors en droit de les suivre. A Mayotte, pour contourner cet obstacle, la police rattache des mineurs à des adultes qui n’ont aucun rapport familial. Forcément, dès leur arrivée à Anjouan, ils cherchent à effectuer le trajet retour pour continuer à être scolarisés à Mayotte, certains n’arrivent jamais à bon port….(3)
A Mayotte, on vient même arrêter les élèves scolarisés, si possible en période de vacances quand il n’est plus possible au monde enseignant et aux parents d’élève de se mobiliser contre cette infamie !
Enfin Mayotte possède le centre de rétention le plus inhumain de toute la république, surpeuplé, où les détenus dorment et mangent à même le sol .
Cette situation intolérable et indécente se double d’une hypocrisie hallucinante puisque ce sont les sans papiers qui font vivre Mayotte. L’île est en effet victime d’un désintérêt profond de sa jeunesse pour les métiers de l’agriculture considérés comme les plus honteux des métiers, les besoins sont donc occupés par les sans-papiers au bénéfice non seulement des propriétaires terriens qui leur loue ou qui exploitent leur force de travail (de façon illégale bien sûr), mais aussi de la population tout entière qu’ils nourrissent.
C’est ce tableau désolant que je vous engage à regarder en face. La honte m’a envahi très rapidement en visualisant cette situation ignoble. Je ne peux cautionner cette république là, je n’en serai jamais solidaire.
(1) il faut savoir que non seulement l’Union africaine ne reconnaît pas à Mayotte son statut d’appartenance au giron français mais aussi que l’ONU condamne la présence française à Mayotte.
(2) c’est que l’on doit appeler un point de détail de l’histoire comme dirait l’original des copies-conformes qui nous gouvernent !
(3) à ce désastre s’ajoute celui des enfants abandonnés sur l’îles (parfois en très jeune âge) car non arrêtés avec leurs parents et qui divaguent dans les rues comme des chiens errants à la recherche de nourriture fournie par la plupart du temps par les familles les plus pauvres.