La lutte des classes à son paroxysme…devrait être une chance !
Le discours du roi soleil à Versailles, désormais permis par une constitution arrangée pour un homme avide de pouvoir liberticide, s’est affiché plus que jamais tel la représentation de la volonté idéologique d’un parti permettant à une classe dominante de s’afficher, malgré les difficultés économiques actuelles, comme la grande victorieuse des choix politiques actuels.
Comment peux-t-on encore, dans une période où les déficits en tout genre explosent (1) et notamment ceux du financement des branches retraite et maladie, maintenir un bouclier fiscal inutile économiquement et injuste socialement ?
Comment peux-t-on se vanter encore de réduire l’impact de la fonction publique dans le quotidien de chacun en réduisant les serviteurs de la nation, alors même que les exclus et cassés de la crise économique croissent en nombre et nécessitent justement que l’Etat et autres collectivités publiques compensent partiellement ce que leur chômage ne permet plus au quotidien?
Comment peux-t-on prôner ne pas vouloir augmenter les recettes fiscales pour compenser les déficits lorsque l’on s’affiche ostentatoirement volontariste et que l’on va réduire son potentiel d’action par la réduction de ses moyens que l’on se contente de moyens qui fondent au soleil ?
Evidemment, je n’ai plus la naïveté de croire que ces absurdités économiques et contradictions idéologiques ne sont pas souhaitées. Elles poursuivent un double objectif.
Celui tout d’abord de permettre de poursuivre les réformes castratrices du lien social en affaiblissant ses financements et en dénonçant ses difficultés pour mieux le torpiller par la suite.
Ce sera le cas par exemple du système de retraite où les effets d’annonce de benchmarking (2) conjugués à un déficit positivement inquiétant, permettront le temps venu, de glisser doucement vers un système par capitalisation tout en laissant l’impression qu’il s’agit de sauver le soldat Sécu en augmentant la date de départ à la retraite, seule solution défendue par ceux qui y ont intérêt.
Celui ensuite de permettre d’être reconnu par ses pairs. Je parle là de la classe qui a fondamentalement promulgué Sarkozy au poste où il est, et qui composait encore les 28% de votes des 40% de votants lors des dernières élections européennes.
Jamais l’affichage de lutte des classes n’aura été aussi clair. Sarkozy en montrant son acharnement à maintenir ce qui favorise les classes les plus aisés lancent un signal bien plus fort que tous ses prédécesseurs de droite au même poste que parfois la rue, voire même le buzz médiatique, avait fait reculer.
Paradoxalement, cette politique destructive et réactionnaire est à mon sens un espoir fort pour une opposition radicale.
Là où par le passé l’alternance se jouait à des différences marginales entre gens de bonnes familles plus ou moins modérés, qui ne nécessitait plus la mise en exergue de l’idéologie dans les discours d’opposition, l’idéologie de classe devient aujourd’hui fondamentale pour susciter l’intérêt politique blasé du corps majoritaire des ouvriers et employés, comme celui des résignés face à un pouvoir fort et autoritaire qu’incarne Sarkozy.
L’avenir n’est plus à l’opposition molle et consentante, celle qui fait semblant de s’opposer en pré-campagne mais valide dans le fond la majorité des thèses défendues par la classe dominante au pouvoir, faute parfois de simplement s’y opposer.
Il est désormais urgent que tous les accès volontairement restreints aux médias dominants soient non seulement dénoncés, mais surtout utilisés pour exprimer un discours radical, une autre vision idéologique de la société, une vision socialiste au sens originel du terme, celui d’une société de partage, écologiquement responsable, et qui valorise le bien commun prioritairement à l’enrichissement individuel.
C’est cet espoir là dont ont besoin les 60% de français qui ne se sont pas déplacés lors des dernières élections et qui attendent autre chose qu’un discours mou, calibré, avant chaque échéance électorale.
(1) je précise que je suis favorable aux déficits publics, ceux qui sont générés par des dépenses utiles à une croissance écologiquement responsable, et qui sont financés par une participation proportionnée des impôts au niveau de revenus en tout genre n’excluant notamment pas ceux du capital. Bref, tout l’inverse du déficit dans le lequel nous enfonce Sarkozy, provenant de la diminution des recettes fiscales, donc inutile à l’effort collectif de soutien à l’économie et développant au mieux l’épargne oisive des plus aisés.
(2) c’est bien connu, si on le fait ailleurs, c’est que c’est mieux. Oui sauf que ce ne sont que des clones de Sarkozy qui le font ailleurs…..