Certes encore une grève mais…
Voilà que se profile une nouvelle journée de grève jeudi 29 janvier prochain, une nouvelle journée d’action vouée à l’échec diront certains et pourtant.
Je suis loin d’être partisan de ces journées à répétition qui usent les salariés plus qu’elles ne défendent leur cause, qui permettent d’afficher les disparités socioprofessionnelles, syndicales et revendicatives, au lieu de montrer une force unitaire durable.
J’ai maintes fois défendu ici l’inutilité de la grève si elle n’était pas unitaire, massive et à horizon durable.
Il me semble aujourd’hui que le deux premiers points sont des objectifs assurés et en outre que la durabilité a une perspective aujourd’hui crédible pour plusieurs raisons.
Le contexte dans lequel la grève de jeudi va s’exprimer est d’abord essentiel. Les effets dans l’économie réelle de la crise du « casino » initiés par les spéculateurs actifs du capitalisme présente désormais clairement ses dividendes envers les plus démunis, salariés du privé bien entendu en premier lieu pour lesquels les licenciements en tout genre se multiplient, la crise servant le plus souvent de prétexte à une frilosité généralisée, mais également salariés du publics auxquels on annonce des missions toujours plus importantes à effectifs décroissants en raison du non remplacement des retraités mais aussi au non renouvellement des contrats à durée déterminée (30% de la fonction publique). C’est pourtant la fonction publique qui peut soutenir ce qui reste debout en période de difficulté économique, or que fait l’Etat, il se désengage et affaibli l’économie réelle un peu plus.
Ensuite, le resserrement syndical généralisé qui appelle de façon unitaire à la grève me semble une bonne nouvelle pour forcer le pouvoir en place à limiter son action destructrice des acquis sociaux, du lien social, du pouvoir d’achat des salariés. La division démoralise et affaiblie, profitons donc enfin d’un accord généralisé dans toutes les branches professionnelles et toutes les obédiences syndicales pour affirmer massivement notre attachement à un Etat fort et notre volonté de dépenser collectivement pour soutenir une consommation intelligente dans l’intérêt de tous.
Enfin la période, car à moins de 6 mois des élections européennes, la droite et la gauche libérales commencent à trembler face au rejet de l’Europe telle qu’on veut nous l’imposer à travers les dénis de démocraties successifs qui se sont produits, et c’est l’occasion pour chaque défenseur d’une autre vision de l’Europe de rassembler le Non à l’Europe des banquiers et des chantres de la concurrence libre et non faussée dont on est en train de mesurer la grandeur et l’efficacité dans la destruction de nos acquis sociaux, et qui est à la base de la crise que nous vivons.
Le pouvoir actuel va se sentir plus fragile que d’habitude face cette échéance électorale, il n’y a qu’à constater les grandes manœuvre actuelles à la tête de l’UMP dont l’objectif n’est qu’un nouvel effet de communication (on change les têtes pour ne rien changer sur le fond), et il faut donc profiter d’un large mouvement de contestation pour rappeler l’importance de la prochaine échéance électorale de juin qui permettrait de peser, au moins nationalement, sur les décisions européennes qui définissent à 80% l’avenir de la société que nous souhaitons.
Cette grève du 29 janvier prochain est à ce stade essentielle. Chacun n’a pas les moyens en cette période difficile de faire grève une journée, mais il est essentiel qu’il soit compté dans la foule de ceux qui ne se résignent pas à l’ordre libéral établi qui ne sert qu’un petit nombre de possédants.
Une simple heure d’arrêt de travail pour défiler sera un poids supplémentaire dans la force contestataire et peut réellement changer notre avenir. Que chacun y réfléchisse.