Aveu de suivisme libéral…ou de l’inutilité syndicale actuelle !
« Le refus de la CGT de signer l’accord sur la flexibilité ne fera plaisir qu’à la frange conservatrice de la société française et aux patrons rétrogrades qui manifestent leur antisyndicaliste primaire ».
Fichtre que le patronat est désormais décomplexé en Sarkozie pour oser fustiger un certain type de patron par opposition aux modernes représentants du Medef, et pour châtier ceux qui refusent de signer un accord syndical en l’amalgamant à de l’antisyndicalisme ! Fabuleuse rengaine de l’archaïque défense des salariés face à la moderne qui consisterait à signer coûte que coûte! Elle me rappelle la valorisation de la rupture face à l’immobilisme lorsqu’il s’agit de détruire les acquis sociaux. Mais venant du patronat, qui peut s’en émouvoir!?
Et le reste est à l’avenant, une sorte de cirage de pompe pour mieux dézinguer, pour mieux discréditer :
« Ce refus conforterait son image négative d’impuissance contractuelle, en France comme dans toute l’Europe ».
Incroyable comme ce patronat semble bien informé et soucieux de l’image de la Cgt, rêvant de la rendre réformiste, c’est à dire capable de suivre l’implacable mondialisation, elle même nécessitant la non moins nécessaire flexibilité dont rêve tout bon libéral !
Vous remarquerez au passage que la façon dont on orne le refus de signer chez le patronat, est qualifié d’impuissance! Participer, négocier, mais ne pas signer en cas de désaccord, c’est de l’impuissance et c’est négatif !
Mais le festival se poursuit :
« Ce refus d’engagement de la CGT peut desservir le syndicalisme français, dans son ensemble, alors même qu’il n’est pas dans une forme resplendissante. Quels seraient les commentaires de la presse devant une signature unanime des syndicats ? Enfin, un syndicalisme qui se lance dans une modernisation non libérale du pays !».
Diantre que ce patronat est en forme pour sermonner à ce point le vilain petit canard Cgt, seul syndicat à ne pas signer l’accord sur la flexibilité dans le droit du travail, et du coup accusé de tous les mots dont celui d’être responsable de la faiblesse du syndicalisme français, avec comme témoin « objectif » de cette inconstance, une presse si peu avenante avec les syndicats français et qui a perdu une occasion de vanter les mérites du syndicalisme français pour sa prise de conscience responsable, l’intérêt des salariés passant nécessairement par une signature coûte que coûte !
Vraiment, quel regret de compter cette verrue dans le syndicalisme français alors que sans la Cgt, tout irait bien dans le meilleur des mondes, les gentils patrons faisant ami-ami avec les syndicalistes modernes !
A ce stade, pour ceux qui voudraient comprendre ce que viennent de signer les Medef, Cfdt, Cgc, Fo et autre Cftc sur le dos des salariés, je vous renvois vers cette analyse.
Mais le bouquet final vaut son pesant de cacahuètes :
« Quatre confédérations attendent de la CGT une sorte de solidarité de fonction. Face à ce choix, la CGT n’est pas obligée, de par son histoire, de choisir «le côté obscur de la force».
Véritable aveu touchant, légèrement teinté d’hypocrisie, d’un patronat qui sans la Cgt ne pourrait applaudir des deux mains la victoire unanime de l’intelligence face au refus perpétuel, ce dernier ayant une légère tendance pénible à ne pas brader les acquis sociaux pour des clopinettes libérales (*).
Décidément, ce patronat se permet désormais tout, au point de donner des leçons de comportementalisme à ses interlocuteurs sociaux !
Oui mais non.
Triste de vous l’apprendre en cette période où tous les codes sociaux sont bousculés, mais aussi curieux que cela puisse paraître, le patronat n’est pas responsable de ce florilège d’admonestations professorales!
Les extraits de cette tribune, parus dans libé sont signés de Jean-Paul Jacquier et Jean Lecuir, anciens responsables CFDT !!!
Décidément, le syndicalisme a bien changé, et je partage le constat de Patrick Mignard: « les syndicats sont morts. Ils ne peuvent plus jouer le rôle qu’ils jouaient avant. Leur rôle aujourd’hui se limite à gérer les plans sociaux. ».
Personnellement, j’ajouterais : « et à satisfaire les volontés patronales ».
(*) pour ceux qui croiraient que je me suis récemment converti au Cgtisme au point d’y voir le dernier syndicat gaulois protégeant les intérêts des salariés et résistant à l’ennemi envahisseur libéral, je vous invite à lire ou relire ceci.
